Mercredi 19 septembre ok - Histoire - L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale

Séance 3 - Les mémoires de la Résistance de 1944 à 1969 pour aborder la méthodologie de la composition


Méthodologie de la composition
  • Introduction
  •  Conclusion
  • Développement

Application à partir du travail d'un groupe

Cours dialogué: Reprise et correction du travail réalisé par les groupes d'élèves qui prennent tous la parole

I) Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France de 1944 à 1969 : la mémoire dominante de la Résistance et du résistancialisme


Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France divisée et meurtrie. c'est le triomphe du Résistancialisme (Henry Rousso): l'image d’une France combattante, héroïque et résistance pour éviter la guerre civile après guerre. La priorité est à la réunion et à la réconciliation dès le discours de la Libération du Général de Gaulle lors de la Libération de Paris du 25 août 1944.



https://www.gouvernement.fr/partage/9406-discours-du-general-de-gaulle-place-de-l-hotel-de-ville


Course à l’unité patriotique et volonté de restaurer l’unité nationale sous de Gaulle, chef de la France libre et participation au GPRF (gouvernement provisoire de République Française) = l' idée s'impose que Vichy n’est pas la France et n'est pas la République.


Fondé sur le culte de la Résistance, mémoire mythifiée : appuyée sur témoignages des acteurs de la résistance, seuls entendus et mis en avant par le pouvoir politique gaullien et ses successeurs : c'est le résistancialisme (Henry Rousso,
Le Syndrome de Vichy. De 1944 à nos jours, Seuil, 1990, définition page 86)



Selon l'historien Pierre Laborie, auteur du livre  Le chagrin et le venin : La France sous l'Occupation, mémoire et idées reçues, Bayard, 2011, « La référence de Henry Rousso au résistancialisme renvoie aux reconstructions mémorielles qui auraient installé une vision rassurante des années noires : minoration de l'emprise de Vichy sur la société et vision complaisante de la résistance assimilée à la nation alors qu'elle n'était qu'un phénomène minoritaire »


Pour Pierre Laborie, le résistancialisme, est « un support conceptuel du rapport des Français à cette même résistance ».

NE PAS CONFONDRE RESISTANCIALISME ET RESISTANTIALISME ! ON N'EMPLOIERA QUE LE TERME RESISTANCIALISME.

Comment ?
- Hommages publics rendus aux soldats tombés, aux résistants , à Jean Moulin (entrée au Panthéon)


- Mémoriaux, édifices avec l’idée de "Lieux de mémoire" (Pierre Nora) : Croix de Lorraine, Mont Valérien (inauguré le 18 juin 1960 montrant l)…= on assiste à une monumentalisation de la mémoire et instrumentalisation par les IVeme république et Ve République, notamment sous De Gaulle avec l’aide de Malraux.


- Discours publics, anniversaires et commémoration + utilisation du cinéma français d’après guerre pour célébrer la Résistance (, La Bataille du rail de René Clément, l'Armée des ombres de JP Melville ou
La Grande Vadrouille de Gérard Oury)

Quels étaient les objectifs visés ? 

 - amnésie et oubli volontaire de la guerre, de ses ruptures et trahisons + occultation et déni de l'Occupation et de l'absence de résistance française



+ Réhabilitation du régime vychiste par l’historien Robert Aron dans son livre Histoire de Vichy de 1954 où il développe la thèse dite "du Glaive et du bouclier" ou de "l'épée et du bouclier"

Il développe l'idée  d'un double jeu pétainiste, “le glaive et le bouclier” étant respectivement De Gaulle et Pétain, les deux composant les faces d’une même résistance à l’intérieur et à l’extérieur de la France.

" […] Le premier correspondait à l'aventure exaltante, mais d'apparence désespérée, dont Charles de Gaulle est l'annonciateur. Le second à l'épreuve lente et douloureuse dont Philippe Pétain ne prévoyait ni le durée ni la fin.

Tous les deux étaient également nécessaires à la France. selon le mot que l'on prêtera successivement à Pétain et à de Gaulle : « Le Maréchal était le bouclier, le Général l'épée. "

 "Pour l'instant, le Maréchal parut avoir raison ; pour l'avenir, le général a vu plus juste. […] "


"Tous deux étaient également nécessaires à la France."


Un exemple de cette mémoire: 
"Le Maréchal veut épargner aux Français, autant que possible, les souffrances. Il a peur des Allemands. Il sait quel sort ils ont infligé à la Pologne. Il craint pour la France un sort semblable. Il estime que son devoir est de s’interposer entre la population et les Nazis. Nous avons, d’ailleurs, besoin du bon vouloir des occupants pour résoudre les problèmes urgents qui nous assaillent : rapatrier les millions de réfugiés ; empêcher la famine ; libérer les navires de commerce bloqués dans les ports ; administrer le pays ; le ramener au calme et au travail ; obtenir, au moins partiellement, la libération des prisonniers qui végètent dans les camps d’Allemagne et pour lesquels le Maréchal aura toujours une compassion particulière. Il convient donc de ménager le vainqueur, de se le concilier en éveillant, chez lui, l’impression que nous ne lui sommes pas hostiles, qu’une compréhension mutuelle, un rapprochement est possible entre la France et lui, “dans l’honneur et la dignité”. Le Maréchal pense que la guerre sera longue, que son issue est incertaine. L’important, pour ce Cunctator, est de gagner du temps, de ne pas faire de paix séparée, de demeurer en bons termes avec les États-Unis, de reprendre contact avec Londres."



Cette thèse restera dominante pendant plus de deux décennies avant d'être remises en cause. 

Dès 1955 et jusqu'en 1960, Joseph Billig enfonce un premier coin dans la théorie défendue par Robert Aron en 1954 dans son livre en trois volumes, le Commissariat général aux Questions juives. Il entreprend le premier travail historiographique qui attaque le mythe résistancialiste.

EN 1966, les travaux de Henri Michel viennent contredire frontalement la "thèse du glaive et du bouclier" dans Vichy, année 1940. L’historien y montre justement que Vichy, Pétain et ses hommes forts sont loin de s’être érigés contre le nazisme en campant une sorte de rempart subtil et masqué. Michel met par exemple explicitement en évidence l’attitude ouvertement pro-allemande de certains proches de Pétain, à l’instar de François Darlan, chef du gouvernement de Vichy à partir de février 1941.

Henri Michel ne sera pas le seul à battre en brèche l’idée développée par Robert Aron.  Jean-Pierre Azéma, spécialiste de l’historiographie de Vichy et témoin au procès Papon, fait régulièrement référence à la thèse d’un historien allemand du nom de Eberhard Jäckel. Dès 1966, les travaux d' E.Jäckel contredisent en langue allemande, l’histoire selon Robert Aron. 

Il faudra attendre 1968 et la traduction de  La France dans l’Europe de Hitler pour que soit contredite la version que Robert Aron. 

La Grande rafle du Vel d'Hiv de Claude Lévy et Paul Tillard en 1967 rajoute une pierre à l'édifice de la déconstruction du mythe du Glaive et du bouclier.

Mais c'est véritablement en 1972 puis en 1973 en France, que la rupture se fait : la publication et la parution de Vichy et les juifs par Robert O Paxton, un historien américain, provoque une remise en cause politique et publique = déportation devient génocide (définition créée en 1944 et utilisée pour le Tribunal de Nuremberg) = c'est une RUPTURE définitive.



Lorsque la traduction en français de La France dans l’Europe de Hitler, de Jäckel, arrive en France, Le Monde diplomatique souligne l’importance du travail de Jäckel qui, contrairement à Aron, a travaillé depuis les archives : “Si les archives françaises demeurent scellées pour longtemps encore, les dossiers allemands sont, eux, largement ouverts. C’est là que l’auteur a puisé l’essentiel d’une matière surabondante, éloquente, convaincante et, à bien des égards, surprenante.” Mais le livre de Jäckel sort en avril 1968 et son écho semble pâtir de mai 68.


La vraie césure historiographique intervient cinq ans plus tard. Cette thèse est alors contredite par Robert Paxton, historien américain et spécialiste de Vichy dans son ouvrage La France de Vichy 1940-1944, publié en anglais en 1972 paru en français en 1973 avec l'intervention de Michel Winock et Jean-Pierre Azéma. On parle alors de "révolution paxtonienne" en France même si l'oeuvre de ce dernier s'inscrit dans une continuité puisque le politiste Stanley Hoffmann spécialiste de la France qui en signe la préface avait forgé la notion de “collaboration d'État”. 




La France de Vichy, de Paxton, est d’abord apparu comme un livre iconoclaste, mais il a fini par faire autorité. Et ce qu’on appellera plus tard “la révolution paxtonnienne” s’inscrit au fond dans un travail plus collectif. Ainsi, sa préface est signée Stanley Hoffmann, qui avait fondé en 1966 la notion de “collaboration d'État”.




NE PAS CONFONDRE ROBERT ARON (historien responsable de la thèse du Glaive et du bouclier) ET RAYMOND ARON (politiste, penseur des relations internationales et ayant réfléchi à la question de la puissance)

- lois d’amnistie (1947, 1951 et 1953)= l’épuration est réelle mais elle demeure plus symbolique (3 page 87) au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la guerre puisque les lois d'amnistie se multiplient.


Quels sont les oubliés de cette mémoire résistancialiste ? N'ya-t-il pas eu de voix divergentes ?

- juifs et tziganes, victimes et rescapés des camps, déportés (STO…) et soldats défaits et tués en mai 1940, victimes
- impasses face à l'existence de Vichy et à leurs victimes

Pour autant, comme l'a montré François Azouvi dans son livre "Le Mythe du grand silence", d'autres voix notamment celles des rescapés du génocide ont pu se faire entendre à défaut d'être écoutées, reconnues et considérées par l'Etat et la société française.


II) Les mémoires de la résistance remises en cause : l’affirmation des mémoires de l’Occupation et du génocide juif et tzigane

Remise en cause: “le syndrome de Vichy” (Henry Rousso, définition page 86)= incapacité des Français à assumer Vichy et son bilan


A) par des oeuvres d’historien : 


Dès 1955 et jusqu'en 1960, Joseph Billig enfonce un premier coin dans la théorie défendue par Robert Aron en 1954 dans son livre en trois volumes, le Commissariat général aux Questions juives. Il entreprend le premier travail historiographique qui attaque le mythe résistancialiste.

EN 1966, les travaux de Henri Michel viennent contredire frontalement la "thèse du glaive et du bouclier" dans Vichy, année 1940.

Puis en 1968, les travaux de historien allemand Eberhard Jäckel qui publie en Français,  La France dans l’Europe de Hitler, traduction de son oeuvre de 1966, contredisent la version que Robert Aron avait pu la raconter dans l’immédiat après-guerre. 

La Grande rafle du Vel d'Hiv de Claude Lévy et Paul Tillard en 1967 rajoute une pierre à l'édifice de la déconstruction du mythe du Glaive et du bouclier.

Mais c'est véritablement en 1972 puis en 1973 en France, que la rupture se fait : la publication et la parution de Vichy et les juifs par Robert O Paxton, un historien américain, provoque une remise en cause politique et publique = déportation devient génocide (définition créée en 1944 et utilisée pour le Tribunal de Nuremberg) = c'est une RUPTURE définitive.


B) Contexte des 1970’s favorable: mouvement de jeunesse contestataire contre l’ordre établi + développement des mass medias (TV) + procès retentissants qui en découlent


C) Par des oeuvres d’autres nature: Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls, Lucien Lacombe de Louis Malle puis Shoah de Claude Lanzmann.

= d'autres mémoires se laissent entendre


Pour aller plus loin
:

Voir et lire Les écrans de l’ombre, Sylvie Lindenberg


Mais victimes et statuts de victimes ignorés dans les discours


Revendications mémorielles se font entendre de la part de groupes minorés ou ignorés (juifs…)


Refus de l’Etat de reconnaître le génocide et responsabilité


Procés d’Eichmann a déjà bougé les lignes mais les procès de Klaus Barbie (1987) et de Papon sont les déclencheurs d'une modification de la position de l'Etat français : 1995 - Jacques Chirac, Président de la République, reconnaît la responsabilité de l’Etat français.







Cours en autonomie: les élèves produisent une introduction répondant au sujet suivant "les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France (1944-1969) en suivant le plan donné et la méthodologie de la composition mise en ligne et vidéoprojetée.

I) Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France de 1944 à 1969 : la mémoire dominante de la Résistance et du résistancialisme

II) Les mémoires de la résistance remises en cause : l’affirmation des mémoires de l’Occupation et du génocide juif et tzigane




Cours dialogué: reprise et correction de l'introduction demandée


JAMAIS DE FUTUR EN HISTOIRE
TOUTE CITATION DOIT EXPLIQUEE PUIS RELIEE AU SUJET 
NE PAS UTILISER L'EXPRESSION "DEVOIR DE MEMOIRE" (trop restrictif et orienté sur la mémoire du génocide) ET A OPPOSER AU "DEVOIR d'HISTOIRE" 

1 - Accroche, contextualisation et définition des termes

Accroche 


  • par une citation
Selon Winston Churchill, Premier Ministre pendant la Seconde Guerre mondiale qui a mené la lutte contre le nazisme, "un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre". Cette citation peut s'appliquer à la France au sortir de la guerre puisque la question de la mémoire va devenir alors centrale.

  • par une statistique

  • par une définition

  • par un évènement

Contexte
En effet, à partir de 1944 au moment de la reconstruction de l'Etat français, le pouvoir dirigé par le Général de Gaulle alors à la tête du GPRF (Gouvernement provisoire de la République française) va imposer une politique de réconciliation nationale qui fait la part belle à  la mémoire de la résistance.


Définition des termes du sujet

En effet, la mémoire est un patrimoine constitué par la faculté individuelle ou collective de conserver et se rappeler des faits, c'est un patrimoine vivant, commun à un groupe ou à une société dont elle assure la cohésion.
 
2 - Annonce du sujet : Sujet repris explicitement et intégralement

Proposition 1: Cela peut nous amener à réfléchir aux mémoires de la Seconde Guerre en France entre 1944, date de la libération progressive du pays et 1969, date du départ du Général de Gaulle à la suite de l'échec du référendum sur la régionalisation.

Proposition 2: Nous allons pouvoir étudier/ évoquer / questionner les mémoires de la Seconde Guerre mondiale de 1944, date de la libération progressive de la France à 1969, date du départ du Général de Gaulle à la suite de l'échec du référendum sur la régionalisation. (EXPLICITER LES BORNES)

3 - Problématisation et mise en question
On peut dès lors se demander comment se construisent et s'affirment au profit de la résistance les mémoires après guerre au moment où la France se reconstruit. 

4 - Annonce du plan
Proposition 1: Dans un premier temps, ... Dans un second temps, ...Dans un dernier temps,...
 
Nous allons d'abord voir/aborder comment se construit et s'impose le "mythe résistancialiste" en France de 1944 à 1969 (I) (DEVELOPPER L'IDEE DE LA PARTIE ET METTRE UNE BORNE). Puis nous allons nous intéresser aux mémoires concurrentes de celles de la Résistance, celles qui sont occultées ou moins entendues et considérées (II).

Proposition 2: De 1944 à 1969, le mythe résistancialiste d'une France combattante et entièrement résistante se construit et s'impose (I) . Cependant, d'autres mémoires tentent de faire entendre et considérer, ce sont celles qui sont occultées ou moins entendues, celles des oubliés (II).



Travail pour vendredi 21 septembre


- Préparer les questions suivantes en groupes 
  • Quelle mémoire de Vichy s'impose jusqu'aux années 1970 ? (A page 86, 2 page 87) 
  • Quelles mémoires de la Seconde Guerre mondiale s'affirment après 1970 et pourquoi ? Quelles œuvres sont responsables d'un changement de compréhension et de lecture des années noires ? Quels impacts ont elles sur la mémoire de Vichy et de l'Occupation ? (Page 91 et 2 page 93)
  • Par quelles actions se traduisent l'affirmation de la mémoire de Vichy ? (1, 4, 5, 6 page 98-99) ? Pourquoi ce procès peut-il avoir lieu ? (4 et 5 page 99)

- Répondre en groupe au sujet suivant : les mémoires de Vichy et de l'Occupation de 1944 à nos jours en appliquant la méthodologie vue en classe 

Vous devez produire 
  • une Introduction, 
  • un plan détaillé et non rédigé 
  • une conclusion en utilisant la méthodologie mise en ligne

Axes et plan à suivre pour produire une réponse rédigée : (Phrase d’introduction et de conclusion exigées)

I) Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France de 1944 à 1969 : la mémoire de de la Résistance et le résistancialisme occultent pour des raisons politiques, la mémoire de Vichy et de l’Occupation malgré l’affirmation relative de la mémoire de la déportation

II) Les mémoires de la résistance ainsi remises en cause entraînent la libération de la mémoire de l’Occupation et des autres mémoires liées…

III) … obligeant l’Etat à reconnaître et à assumer sous la pression ses responsabilités