Mardi 25 septembre - Histoire - l'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale

Séance 5 - L'historien face aux mémoires de la Seconde Guerre mondiale : Synthèse et reprise de l'intégralité du travail effectué et de la séquence en cours dialogué


Cours en autonomie et en groupes
- Proposer à partir du cours précédent, un plan détaillé sous forme de tirets avec des phrases rédigées et citations docs au sujet : 

les mémoires du génocide juif et de la Shoah (1944-2018)
- Proposer une conclusion

Cours dialogué: Reprise et correction du plan détaillé


I) La mémoire du génocide juif est occultée et n'est pas entendue jusque dans les années 1960 au profit de la mémoire du résistancialisme, pour autant il n'y a pas de "grand silence" (François Azouzi)

A) La mémoire récistancialiste est prépondérante après la guerre et jusqu'à la fin de la période gaulliste : dès 1944, elle s'impose aux autres mémoires et occulte en majeure partie, celle du génocide et de la déportation

B) L'Etat français ne met pas en avant la mémoire du génocide et ne la reconnait pas...

C) ...dans un premier temps, les rescapés, les victimes, leurs familles et les groupes mémoriels qui les représentent peinent à s'exprimer, à se faire entendre et à se faire reconnaître, volontairement ou non. Ceci étant, il n'y a pas de "grand silence" (françois Azouzi)

(Citation d'Anne Wievorka sur les origines sociales des juifs français rescapés - 6 page 91)

II) La mémoire du génocide juif s’affirme cependant avec l’affirmation progressive des mémoires de Vichy, de la Collaboration et de l'Occupation des Années noires, ce "passé qui ne passe pas" (H.Rousso, E.Conan)…

A) Avec l'affirmation de la mémoire de la France de Vichy et de ce "passé qui ne passe pas", s'affirme la mémoire du génocide juif.

B) Les procès en Israël, la nouvelle génération de descendants du génocide, le renouvellement démographique et politique après la période gaulliste et des oeuvres fondatrices comme Le Chagrin et la Pitiè (M.Ophüls) ou la France de Vichy de Robert Paxton changent le regard ert les positions face à la mémoire du génocide.

C) La mémoire du génocide prend progressivement le pas sur les autres mémoires et attend une reconnaissance de l'Etat.


III) La mémoire du génocide juif subit révisionnisme et négationnisme dans les années 1980, jusqu’à devenir dominante après Shoah, le film de Claude Lanzmann. Conduisant à la première loi mémorielle (loi Gayssot), elle mène à la reconnaissance institutionnelle des responsabilités de l’Etat français en 1995 et au développement de cérémonies, de discours et d’un Mémorial comme celui de la Shoah à Paris.

A) La pression médiatique des groupes mémoriels représentant la mémoire du génocide s'accroit pour demander une reconnaissance institutionnelle de la part de l'Etat.

B) Le film de Claude Lanzmann, Shoah, va répondre au négationnisme et au révisionnisme qui affecte la France à cette époque et fixer un nouveau credo. S'affirme alors un devoir de mémoire qui supplante le devoir d'histoire.

C) L'Etat reconnait finalement sa responsabilité pour des raisons politiques et par une politique d'hommages, de monumentalisation et de construction, fait de la mémoire de la Shoah, la mémoire dominante au détriment des autres. A partir des mandats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, cette dernière est concurrencée à nouveau par les mémoires de la résistance et des mémoires oubliées (Malgré nous, STO les soldats emprisonnés après la débacle).


Cours magistral:  Retour sur la méthodologie de la composition et de la conclusion

Développement de la composition : que faut il dans un développement ?
- Découpage en parties et en sous parties
- Transitions entre les grandes parties (option entre les sous-parties)
- Alinéas (décalage d’un carreau en début de première partie et de première sous partie, et ensuite de deux ou trois pour montrer les sous-parties)
- Sauts de lignes obligatoires (3 à 4 lignes entre l’introduction et la première partie, idem pour le passage entre dernière partie et conclusion, 3 à 4 lignes entre grandes parties, 1 à 2 entre chaque sous parties) = aérer le texte, en rendre sa lecture et sa correction simple tout en donnant à voir formellement le plan
- Pas de futur en histoire
- Majuscules aux noms propres, aux fonctions exercées, aux institutions, aux Etats
- Sigles et acronymes (PS, UMP, PSG) à définir avant de les utiliser
- chaque citation entre guillemets, avec mentions de la ligne, de l’ouvrage et /ou de l’auteur
- Si vous tronquez ou modifiez une citation, utilisez les [...] et [un]
- Chaque ouvrage doit voir son titre souligné
- chaque récit d’événement doit répondre aux 5W (W questions + how)
- jamais de 70 mais 1970
- ponctuation et phrases verbales obligatoires


Que faut il dans une Conclusion ? 3 temps

- reprise de l’argumentation (reprise du développement et des grandes idées de ce dernier avec bornes, ruptures et concepts principaux)
- réponse à la problématique en reprenant le rôle de l’historien face aux mémoires et en élargissant la réflexion
- ouverture formulée de manière affirmative mais jamais sous la forme d’une question directe, sur la multiplication des lois mémorielles et ouverture sur les critères pour commémorer et rappeler la mémoire des Français

Méthodologie: Grille de positionnement et méthodologie de la composition
https://docs.google.com/spreadsheets/d/1F3KoTdLIbRii7wdhKyjmuPHEtraTqG8G8lZibs0wPXs/edit?usp=sharing

Cours dialogué: Reprise et correction de la conclusion

Travail collectif sur la conclusion avec reprise orale du travail des élèves

Proposition d’ouverture possibles :
  • les mémoires encore occultées ou méprisées de la Seconde Guerre mondiale (tziganes même si elles sont associées aux commémorations et au programme scolaire, opposants politiques, homosexuels…)
  • l’importance des groupes mémoriels dans l’écriture des livres scolaires
  • les mémoires qui ont touché la France (Guerre d’Algèrie, Décolonisation…)
  • l’utilisation politique de la mémoire ou d’une mémoire (Hollande et Sarkozy sur la mémoire réaffirmée de la Résistance, mémoire de l’esclavage et des traites, mémoire du génocide arménien …)
  • les mémoires à l’étranger (Allemagne, Etats-Unis avec le 11 septembre…)
  • le rôle politique et social de l’historien

EN VUE DU DST - REPRISE DE LA METHODOLOGIE DE L'ECD
Cours dialogué - Page 102 - ECD - Texte de Pierre Laborie
Retour sur la méthodologie de l'ECD
- numéroter les lignes (hors paratexte)
- première lecture
- Le sujet : le rôle de l'historien face aux mémoires de la Seconde Guerre mondiale
- Le plan donné: 
  • I) le risque d'usage idéologique des mémoires de la Seconde Guerre mondiale
  • II) le rôle de l'historien face aux mémoires de la Seconde Guerre mondiale
ECD en HISTOIRE:
Répondre à un sujet donné, en suivant le plan fourni et en utilisant le corpus (1 document), tout en réinvestissant si nécessaire son cours.

PAS DE FUTUR

Introduction
1) Accroche OBLIGATOIRE
  • Evénement : panthéonisation de Simone Weil et son usage politique d'une figure de femme déportée
  • Statistique : 6 millions de juifs morts, 50 à 60 millions pour la Seconde Guerre mondiale
  • Citations avec explication: 
  • Chirac en 1995 sur la responsabilité de l'Etat français face à la Rafle du Vel d'Hiv
  • Churchill
  • Maréchal Foch
  • Henry Rousso
  • Définition
  • mémoire et devoir de mémoire/devoir d'histoire 
  • mémoire et rôle de l'historien
Contexte (fait)
Définition des termes (fait)

2) Présentation du corpus OBLIGATOIRE
Le corpus présenté/proposé est constitué d'un document écrit, c'est un extrait d'un ouvrage historique Le Chagrin et le venin (NATURE) signé par l'historien français Pierre Laborie (AUTEUR), publié en 2011 (DATE) aux éditions Bayard (SOURCE) et qui traite du rapport de la France à ses mémoires en s'intéressant à celles de la Seconde Guerre mondiale et de l'Occupation (SUJET).


3) Présentation/Annonce du sujet OBLIGATOIRE
Le texte proposé va nous permettre de réfléchir, d'étudier, de considérer le rôle de l'historien dans les mémoires de la Seconde Guerre mondiale.

Le rôle de l'historien dans les mémoires de la Seconde Guerre mondiale peut être abordé au travers du texte que nous offre le corpus documentaire.
4) Problématisation OPTIONNEL
On peut alors se demander quelle place et quel rôle occupe les historiens face aux mémoires de la Seconde Guerre mondiale, et notamment face à leur usage idéologique.

Plan optionnel (PAS DEMANDE sauf si vous voulez montrer au correcteur que vous traiterez des limites en III)

  • I) le risque d'usage idéologique des mémoires de la Seconde Guerre mondiale
  • II) le rôle de l'historien face aux mémoires de la Seconde Guerre mondiale
  • III) les limites du corpus pour répondre au sujet (OBLIGATOIRE ET A NE PAS OUBLIER)


 

Travail à faire pour lundi 1er octobre :


1) REPRENDRE ET APPRENDRE

Les grandes notions du cours sur les mémoires de la Shoah et du génocide

- Relire le cours et reprendre les notions et expressions suivantes
  • histoire,
  • mémoire,
  • rôle de l'historien et limites de son rôle,
  • génocide, 
  • shoah, 
  • crime contre l'humanité,
  • lois mémorielles,
  • devoir de mémoire,
  • devoir d'histoire,
  • repentance,
  • résistancialisme.
 Dans le cours précédent, reprendre les définitions suivantes
  • Mondialisation
  • Géopolitique
  • oéconomie
  • Aire de civilisation
  • Etat
  • Nation   
  • Frontière
  • Puissance
Rappels des notions principales et de citations pour les définir

Définir la mémoire
« La mémoire est la vie, toujours portée par des groupes vivants et, à ce titre, elle est en évolution permanente, ouverte à la dialectique du souvenir et de l’amnésie, inconsciente de ses déformations successives, vulnérable à toutes les utilisations et manipulations, susceptible de longues latences et de soudaines revitalisations. »
Nora, Pierre, « Entre Mémoire et Histoire. La problématique des lieux », Les lieux de mémoire, 1, La République, / dir. Pierre Nora, Paris, NRF/Gallimard,  1984, Bibliothèque illustrée des histoires, p. XIX-XX.
« La mémoire est un ensemble de souvenirs individuels et de représentations collectives du passé. »
Enzo Traverso, L’histoire comme champ de bataille, la Découverte, 2011

« la mémoire se définit soit par ce qu’elle rejette (soit parce qu’elle le juge insignifiant, soit parce qu’elle n’en veut pas), autant que ce qu’elle retient. Elle se définit aussi par sa capacité de recours au symbolique et par son aptitude à créer des mythes. »
Joutard, Philippe, Quand les mémoires déstabilisent l’école / dir. Sophie Ernst, INRP, 2008

La mémoire est l’aptitude à se souvenir et aussi à structurer les récits du passé.

Définir l’histoire
« L’histoire, quant à elle, est un discours critique sur le passé : une reconstitution des faits et des événements écoulés visant leur examen contextuel et leur interprétation. »
Traverso, Enzo, L’histoire comme champ de bataille, la Découverte, 2011
« L’histoire est la reconstruction toujours problématique et incomplète de ce qui n’est plus. »
Nora, Pierre, « Entre Mémoire et Histoire. La problématique des lieux », Les lieux de mémoire, 1, La République, / dir. Pierre Nora, Paris, NRF/Gallimard,  1984, Bibliothèque illustrée des histoires, p. XIX-XX.

Mémoire et Histoire sont distinctes mais en relation :
« Se concevant comme un récit objectif du passé élaboré selon des règles, l’histoire s’est émancipée de la mémoire, tantôt en la rejetant comme un obstacle (les souvenirs éphémères et trompeurs [...]), tantôt en lui attribuant un statut de source susceptible d’être exploitée avec la rigueur et la distance critique propre à tout travail scientifique. La mémoire est donc ainsi devenue un des nombreux chantiers de l’historien ; l’étude de la mémoire collective s’est progressivement constituée en véritable discipline historique »
Traverso, Enzo, L’histoire comme champ de bataille, La découverte, 2011

2) REVOIR

Méthodologie

- Composition

- Construction d'une introduction et d'une conclusion
- Comment présenter un document historique ?

- Nature précise du document:
- Auteur:
- Source de publication et de parution:
- Date de parution, de publication et de réception:
- Contexte historique:
- Sujet du document:
- Apports du document:
- Fiabilité et pertinence du document:
- Limites internes et externes éventuelles du document: 

3) FAIRE

QUESTIONNAIRE SUR LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE http://goo.gl/forms/aEG1XlUpdp

4) Rédiger et produire en groupes la composition donnée :


Travail de composition à rendre rédigé sous format électronique (.doc ou .ppt)

Le développement de la composition est à rédiger en groupe, à raison d'une par groupe. 

Les introductions, conclusions et transitions seront COMMUNES.



Proposition de plan pour la trace écrite


  1. Le mythe d'une France unanimement résistante, le résistancialisme, s'élabore à la Libération et domine jusqu'à la fin du gaullisme sur fond de concurrences et de luttes politiques entre le forces politiques dominantes de la période  (1944-1969)


  1. l'élaboration du mythe résistancialiste s'installe sur fond de division, il s'accompagne de deux lois d'amnisties puis favorise une amnésie officielle et collective au détriment des victimes et des vaincus afin de maintenir l'unité de la nation (1944-1953)


  1. 1) l'élaboration gaulliste du mythe résistancialiste face à "Vichy, un régime nul et non avenu" (C.De Gaulle) a pour but de préserver l'unité de la nation et d'éviter tout déchirement après une épuration plus symbolique qu'effective qui se matérialise par deux lois d'amnistie en 1951 et 1953
  2. 2) le résistancialisme entraîne donc une amnésie officielle qui devient collective négligeant d'entendre et de reconnaître les victimes (déportés, STO, juifs et tziganes), les vaincus de 1940 et les responsabilités des uns et des autre. Pour autant, il n'y a pas de "Grand Silence" (R.Azouvi) non plus.
  3. 3) Se développe alors "l'idée du glaive et du bouclier" pour intégrer Vichy et Pétain dans le cadre de la Résistance sous la plume de Robert Aron (Histoire de Vichy, 1954)


B) Le mythe résistancialiste entraîne le refoulement des autres mémoires de la Seconde Guerre mondiale et s'avère sur fond de Guerre froide, l'objet d'une concurrence entre Communistes et Gaullistes (1953-1958)


      1. les autres mémoires de la Seconde Guerre mondiale sont donc refoulées au détriment de leur prise en compte même si elles ne disparaissent pas dans un "grand silence"(François Azouvi)
      2. Toute remise en cause est censurée comme avec Nuit et brouillard en 1955, commande censurée et empêchée de concourir pour la France au Festival International du film de Cannes (Focus pages 100-101)
      3. ...tandis que sur fond de Guerre froide, gaullistes et communistes s'affrontent pour incarner le primat de leur action dans la Résistance, les uns insistent sur leur importance dans la Libération négligeant le rôle des Alliés obtenant ainsi une légitimité évidente, les autres recherchent pour leur part l'oubli de leur approbation du pacte germano-soviétique en 1939 et visent un avantage politique qui aboutira notamment sur fond de germanophobie à l'échec de la CED (Communauté Européenne de Défense)


C) Le retour au pouvoir du Général de Gaulle en 1958 et l'affirmation de la Vème République dans les années 1960 voient l'apogée de la mémoire officielle gaulliste et le début de sa progressive remise en cause avec l'affirmation de la mémoire juive de la Shoah en liaison avec le procès Eichmann de 1961


      1. Le résistancialisme est à son apogée sous les mandats du Général de Gaulle au profit de l'unité du pays et avec pour ambition de conserver le soutien des électeurs et relais du pouvoir.
      2. il se traduit par une multiplication de commémorations, célébrations, création de lieux de mémoires comme le Mont Valérien ou celles de musées : il impose une mémoire officielle des plus sélectives. 
      3. Les années 1960 voient la remise en cause du gaullisme et du résistancialisme sous l'effet du procès Eichmann en 1961 et de la guerre des Six jours qui renvoie le jeune État d'Israël au risque de sa disparition à la suite d'un premier monument en France qui entraînera la création de Yad Vashem: l'apparition de groupes mémoriels spécifiques s'impose en opposition avec la mémoire officielle


Transition:


II) "le miroir résistancialiste se brise" et le mythe d'une France unanimement résistante s'effondre  avec la prise de conscience de la collaboration par l'opinion publique sous l'effet du travail des historiens, du cinéma et d'une politique mémorielle mise à mal par les successeurs du Général de Gaulle  (1969-1990)


    1. Un autre regard est porté sur Vichy ce qui renouvelle les représentations de la Seconde Guerre mondiale : c'est l'apparition du "syndrome de Vichy" pour ce "passé qui ne passe plus" (Henry Rousso)
      1. les historiens renouvellent le regard sur le régime de Vichy et l'Occupation: en 1969 et Robert Paxton en 1973.
      2. Le cinéma contribue à renouveler le regard et les représentations de la Seconde Guerre monde et de ses mémoires au travers des œuvres de Marcel Ophüls (La Chagrin et la pitié, 1971) et de Louis Malle (Lucien Lacombe, 1974).
      3. Les politiques mémorielles des successeurs du Général de Gaulle et l'affirmation d'une génération nouvelle, celle du baby-boom imprégnée de l'esprit de 1968, née après guerre et moins sensibles au PCF et au gaullisme, entraînent une remise en cause politique du résistancialisme.
    2. Face au négationnisme, la mémoire de la Shoah s'affirme puis devient dominante tandis que s'impose au détriment du devoir d'histoire et du devoir du souvenir, un devoir de mémoire
      1. La montée du révisionnisme et du négationnisme face au génocide juif appelle une mémoire juive militante et active qui s'affirmera notamment à la télévision avec Holocaust en 1979 et au cinéma avec Shoah de Claude Lanzmann en 1985, contribuant à nommer autrement le génocide juif et à renouveler sa lecture en l'imposant médiatiquement comme la mémoire dominante avec l'appui des historiens Raul Hilberg (la destruction des juifs d'Europe, 1985) et Georges Weller (Les chambres à gaz ont existé, 1981).
      2. L'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité depuis 1964 et l'action de Serge Klarsfeld et de sa femme (1978,  association Fils et filles des déportés juifs de France, association militante de la mémoire) pour faire juger les criminels de guerre nazis (inculpation de Maurice Papon pour crimes contre l'humanité en 1983 et procés en 1997, inculpation de René Bousquet en 1991, procès de Paul Touvier en 1992 et procès de Klaus Barbie en 1987) associée à la publication du Mémorial de la déportation des juifs de France en 1978.
      3. Progressivement, le devoir de mémoire s'impose et révèle la prédominance de la figure du témoin et de la victime sur celui du héros et du résistant (l'ère du témoin d'Annette Wievorka).
    3. La fin du résistancialisme trouble et modifie les représentations de la Résistance tandis que l'Etat français et ses dirigeants refusent d'assumer les responsabilités liée à l'Occupation et aux actes du régime de Vichy, tout en reconnaissant par la loi la Shoah et punissant sa négation
       
      1. La figure de la Résistance n'est plus la figure dominante et évolue devant l'affirmation de la mémoire juive, mémoire devenue dominante.
      2. l'Etat sanctionne par la loi l'expression du négationnisme avec la loi mémorielle : la loi Gayssot de 1990
      3. Malgré la pression médiatique, l'affirmation mémorielle dominante de la Shoah et les demandes des groupes concernés, l'Etat français et François Mitterrand, embarrassé par son passé de vichycho-résistants (D.Peschanski), refusent de reconnaître la continuité politique de Vichy sur fond de scandales (fleurissement de la tombe de Pétain entre 1984 et 1992, proximité avec Touvier, décoration sous Vichy de l'ordre de la francisque par Pétain)


Transition:


III) Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale suite à la reconnaissance par l'Etat français de ses responsabilités tout en recherchant le consensus, se fragmentent en se démultipliant et se politisent non sans poser à terme problème à l'historien (des années 1990 jusqu'aux années 2010)


  1. Sous la pression de l'opinion internationale et des procédures judiciaires à l'étranger, la reconnaissance des responsabilités de l'Etat français sous le régime de Vichy invite au consensus, à l'apaisement mémorielle et a la poursuite des réparations à tous niveaux en modifiant notamment le sens des commémorations 
    1. L'Etat francais reconnait sa responsabilité sous la présidence de Jacques Chirac en 1995 dans la foulée de la loi Gayssot, c'est une rupture politique par rapport à la politique gaullienne qui ne reconnaissait pas de légitimité et de continuité entre Vichy et la République
    2. Cela se traduit par l'indemnisation des victimes de spoliation et les enfants de déportés dès 1999, la création de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah en 2001 et la création d'un lieu de mémoire spécifique, le Mémorial de la Shoah à Paris en 2005
    3. Une nouvelle catégorie mémorielle apparaît alors, celle des Justes, reconfigurant celle des héros de la Résistance dans la lignée de celle créée par Yad Vashem et présentée dans le discours de Jacques Chirac tandis que les commémorations de la Libération s'orientent dès 2004 vers la réconciliation franco-allemande et l'unité européenne  (première invitation du chancelier allemand aux commémorations du cinquantenaire du débarquement en 2004, poursuivie jusqu'à aujourd'hui avec l'hommage aux victimes d'Oradour sur Glane, discours et réconciliation en 2013 sous Hollande) . Les deux États sont ceux qui ont fait le plus pour reconnaître leurs responsabilités et regarder en face leurs devoirs de mémoires. La perspective d'un apaisement mémoriel est envisagée et l'envie d'un consensus va de paire. Emmanuel Macron a notamment nommé dès son entrée à l'Elysée, un Monsieur Mémoire chargé de pacifier et d'organiser les questions mémorielles.
  2. Cependant, les mémoires de la Seconde Guerre mondiale se fragmentent à mesure que s'affirme la pluralité de ses acteurs, leur concurrence et le constat de la difficulté à toutes les reconnaître
    1. Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en se multipliant fragmentent les représentations de la Seconde Guerre mondiale et empêchent une lecture apaisée et consensuelle du conflit.
    2. Elles sont en effet concurrentielles et se confrontent les unes aux autres en faisant apparaître de nouvelles figures comme celles des Justes et des malgré-nous, ou en faisant évoluer leurs statuts mémoriels. 
    3. De surcroît, elles ne prennent pas en compte tous les acteurs et omettent les mémoires de certains acteurs moins influents politiquement.
  3. Ainsi fragmentées et concurrentielles dans l'espace publique, elles entraînent une politisation qui n'est pas sans impact sur le travail de l'historien et  son champ d'action
    1. la récupération politique des mémoires, le refus de la repentance et la réaffirmation de la figure renouvelée de la Résistance s'imposent sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, en rupture avec le mandat de Jacques Chirac. François Hollande poursuivra dans la même voie. Emmanuel Macron y prend aussi part en s'emparant de la question et en inscrivant son action, dans cette logique (nomination d'un Mr Mémoire, discours d'Oradour Sur Glane en août 2017)
    2. La reconnaissance politique des mémoires de la Seconde Guerre mondiale et d'autres mémoires spécifiques sous l'action de divers groupes mémoriels a eu un impact législatif: les lois mémorielles se multiplient, elles commémorent, reconnaissent, ouvrent à réparation. Le devoir de mémoire s'impose.
    3. Or, ces dernières encadrent le travail de l'historien au risque de le limiter et d'empêcher que les représentations de la Seconde Guerre mondiale et l'étude de leurs mémoires dans toutes les complexités n'évoluent à terme. Le devoir de mémoire s'oppose au devoir d'histoire. Il faut dès lors pour l'historien et la société, privilégier le devoir d'histoire à celui de la mémoire au risque de voir appraître de nouvelles revendications mémorielles et d'une montée de leur récupération.

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