Lundi 17 septembre - Histoire - l'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale

Éléments de chronologie

Histoire de la Résistance

1945 : Grande commémoration au Mont-Valérien (11 Novembre)

1960 : Inauguration du Mémorial du Mont-Valérien (18 Juin).

1964 : Transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon et discours d'André Malraux

1994 : Inauguration du Mémorial de la Résistance en Vercors

2008 : Hommage à Guy Môquet décidé par Nicolas Sarkozy

Mémoire de la Shoah


Parution de La Nuit d'Elie Wiesel aux éditions de Minuit

Parution du Journal d'Anne Franck, sortie de son adaptation théâtrale et filmique

Parution de l'œuvre de Raul Hilberg la destruction des juifs

1955 : Alain Resnais réalise Nuit et Brouillard.

1956 : Inauguration du Tombeau du Martyr juif inconnu

Vote de la loi prévoyant la création de Yad Vashem en Israël

1961 : Procès d’Adolf Eichmann en Israël.

1985 : Claude Lanzmann réalise Shoah.

1987 : Procès de Klaus Barbie en France.

1990 : Loi Gayssot contre le négationnisme

1993 : Création d’une journée de commémoration de la rafle du Vel d’Hiv (16 juillet).

1995 : Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de l’État français dans la déportation

des Juifs.

2005 : Inauguration du Mémorial de la Shoah.

2007 : Hommage aux "Justes" de France.

Mémoire de Vichy


1954 : Robert Aron publie son Histoire de Vichy (très favorable à Pétain).

1947-53 : Lois d'amnistie

1971 : Marcel Ophuls réalise Le Chagrin et la Pitié.

1973 : Robert Paxton publie La France de Vichy.

1974 : Louis Malle réalise Lucien Lacombe

1987 : Henri Rousso publie Le syndrome de Vichy.

1994 : Henri Rousso et Éric Conan publient Vichy, un passé qui ne passe pas.

1994 : Procès de Paul Touvier

1997 : Procès de Maurice Papon


Liens à explorerhttp://www.bullypulpit.fr/entretien-avec-robert-paxton/


Travail demandé

Travail introductif: travail à la maison sur les notions d’histoire et de mémoire et écoute des mp3 d’Enzo Traverso

Travail sur la conférence d'Enzo Traverso, les notions d'Histoire, de mémoire et leurs rapports
Consignes : Travail de fichage et retranscription
Vous allez individuellement écouter chaque partie de la conférence d'Enzo Traverso.
Ensuite, par groupe, après vous être réparti l'ensemble des parties de la séquence, vous allez les retranscrire.

Introduction
Qu’est-ce que l’histoire ? Quel rapport entre histoire et mémoire ?
La mémoire comme processus

Quelques exemples de mémoires
Questions - Réponses (écouté facultative)

THEME ANNUEL - REGARDS HISTORIQUES SUR LE MONDE ACTUEL
THEME 1 - Le rapport des sociétés à leur passé

Séquence: Les mémoires : lecture historique - Etude : l'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale

Quelle est l'actualité du thème ?

Emmanuel Macron et le débat mémoriel 

Un "Monsieur mémoire" à l'Elysée pour traiter la question mémorielle : Sylvain Fort

https://www.lejdd.fr/politique/macron-nomme-un-monsieur-memoire-a-lelysee-3350687

La reconnaissance du rôle de l'Etat français durant la Guerre d'Algérie

https://www.lemonde.fr/emmanuel-macron/article/2018/09/13/guerre-d-algerie-emmanuel-macron-reconnait-le-role-de-l-etat-dans-la-mort-de-maurice-audin_5354271_5008430.html 
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/09/13/25001-20180913ARTFIG00065-guerre-d-algerie-macron-va-reconnaitre-l-implication-de-la-france-dans-la-mort-de-maurice-audin.php


Joseph Zimet a succédé à Sylvain Fort, 46 ans, ex-directeur général de la mission interministérielle du Centenaire de la Première guerre mondiale, travaillera aux côtés de Nathalie Baudon, la conseillère en communication internationale d'Emmanuel Macron.


Séance 1 - histoire, mémoires, rapports entre histoire et mémoire et rôles de l'historien

- Accroche - lecture introduction page 16
- Vérification et reprise du travail demandé  

«Parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. » 
Maréchal Foch

"Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre."
Winston Churchill

Cours magistral
- Importance de la question en France et pourquoi cette "obsession de la mémoire" ?
- Evolution de la discipline historique depuis Hérodote et des écoles historiques françaises depuis le XIXème siècle

Cours dialogué

- Définition référencée de mémoire, histoire et de leurs relations et rapports


Définir la mémoire

« La mémoire est la vie, toujours portée par des groupes vivants et, à ce titre, elle est en évolution permanente, ouverte à la dialectique du souvenir et de l’amnésie, inconsciente de ses déformations successives, vulnérable à toutes les utilisations et manipulations, susceptible de longues latences et de soudaines revitalisations. »
Nora, Pierre, « Entre Mémoire et Histoire. La problématique des lieux », Les lieux de mémoire, 1, La République, / dir. Pierre Nora, Paris, NRF/Gallimard,  1984, Bibliothèque illustrée des histoires, p. XIX-XX.

« La mémoire est un ensemble de souvenirs individuels et de représentations collectives du passé. »
Enzo Traverso, L’histoire comme champ de bataille, la Découverte, 2011


« la mémoire se définit soit par ce qu’elle rejette (soit parce qu’elle le juge insignifiant, soit parce qu’elle n’en veut pas), autant que ce qu’elle retient. Elle se définit aussi par sa capacité de recours au symbolique et par son aptitude à créer des mythes. » 
Joutard, Philippe, Quand les mémoires déstabilisent l’école / dir. Sophie Ernst, INRP, 2008


La mémoire est l’aptitude à se souvenir et aussi à structurer les récits du passé.


Définir l’histoire

« L’histoire, quant à elle, est un discours critique sur le passé : une reconstitution des faits et des événements écoulés visant leur examen contextuel et leur interprétation. »
Traverso, Enzo, L’histoire comme champ de bataille, la Découverte, 2011

« L’histoire est la reconstruction toujours problématique et incomplète de ce qui n’est plus. »
Nora, Pierre, « Entre Mémoire et Histoire. La problématique des lieux », Les lieux de mémoire, 1, La République, / dir. Pierre Nora, Paris, NRF/Gallimard,  1984, Bibliothèque illustrée des histoires, p. XIX-XX.

Mémoire et Histoire sont distinctes mais en relation:
« Se concevant comme un récit objectif du passé élaboré selon des règles, l’histoire s’est émancipée de la mémoire, tantôt en la rejetant comme un obstacle (les souvenirs éphémères et trompeurs [...]), tantôt en lui attribuant un statut de source susceptible d’être exploitée avec la rigueur et la distance critique propre à tout travail scientifique. La mémoire est donc ainsi devenue un des nombreux chantiers de l’historien ; l’étude de la mémoire collective s’est progressivement constituée en véritable discipline historique »
Traverso, Enzo, L’histoire comme champ de bataille, La découverte, 2011

- Définition en conséquence du rôle de l'historien, des dimensions professionnelles et scientifiques de sa fonction,de son inscription dans le monde et la société, de sa responsabilité et de sa fonction sociales.

Qu'est ce que la mémoire collective ?
 
On peut distinguer différentes composantes de la mémoire collective :

-la mémoire officielle (d’Etat), celle des commémorations, qui glorifie, mythifie,... occulte ;

-la mémoire des groupes (des partis, des syndicats, des associations...) ;

-la mémoire savante, celle des historiens pour ce qui nous concerne ;

-la mémoire publique ou diffuse, « enjeu fondamental des porteurs des autres mémoires, qui font tout pour la solliciter, l’influencer et la conquérir » (Robert Franck, La bouche de la vérité. La mémoire et l’histoire, communication de l’IHTP).


Qu'est ce qu'être historien ?

"Le rôle de l’historien n’est pas seulement de distinguer la mémoire de l’histoire, de séparer le vrai du faux, mais de faire de cette mémoire un objet d’histoire, de s’interroger sur l’usage du faux comme du vrai et sur le sens que les acteurs veulent ainsi donner au passé et leur passé (…) La proximité de nécessité ou de sympathie, aussi forte soit-elle, ne peut en aucune façon servir à confondre les terrains et à escamoter les distances. Il ne s’agit pas de légitimer ce qui est maintenant, mais de pouvoir témoigner de ce qui a été, et de la façon dont cela était. Conservateur de mémoire, l’historien se trouve chargé de préserver ce qu’il doit par ailleurs décaper et démythifier. Il est et doit être, tout à la fois, un sauve-mémoire et un trouble-mémoire… 

Pierre Laborie, « Historiens sous haute surveillance », 1994,  Esprit, n° 198, 48


L’historien identifie des moments clés pour délimiter des périodes, des ruptures = on parle de périodisation.

L’historien contextualise pour expliquer et examine la place que ces mémoires prennent dans l’opinion publique et dans les discours = contextualisation

L’historien identifie, classe, analyse les différentes mémoires. L’historien confronte les mémoires et les témoignages aux faits, aux sources selon un méthode scientifique, rationnelle, objectivée, rigoureuse et vérifiable.

La démarche de l’historien, quant à elle, est déterminée par une volonté d’objectivité et elle relève d’un processus de vérité, même si celle-ci est contingente et provisoire, relative aux sources, aux temps et à la posture de l’historien.

Comme telle, elle contient la possibilité de son évolution, voire de sa réfutation. C’est à cette condition qu’elle est scientifique.

L'historien a alors un rôle social (cf article Historiographies Concepts et débats, rôle social de l'historien).
Une approche contemporaine du rôle, de l'utilité et des fonctions de l'historien aujourd'hui : 

Lire les pages 6 à 11 du numéro d'Historia de septembre 2015 sur le rôle et la fonction de l'historien aujourd'hui


Les rapports entre mémoire et Histoire:

Mémoire et Histoire sont distinctes mais en relation; l'approche de la mémoire par l'histoire nécessite une certaine mesure et impose d'en connaître les limites.

« Se concevant comme un récit objectif du passé élaboré selon des règles, l’histoire s’est émancipée de la mémoire, tantôt en la rejetant comme un obstacle (les souvenirs éphémères et trompeurs [...]), tantôt en lui attribuant un statut de source susceptible d’être exploitée avec la rigueur et la distance critique propre à tout travail scientifique. La mémoire est donc ainsi devenue un des nombreux chantiers de l’historien ; l’étude de la mémoire collective s’est progressivement constituée en véritable discipline historique »


Traverso, Enzo, L’histoire comme champ de bataille, La découverte, 2011

«
La mémoire se définit soit par ce qu’elle rejette (soit parce qu’elle le juge insignifiant, soit parce qu’elle n’en veut pas), autant que ce qu’elle retient. Elle se définit aussi par sa capacité de recours au symbolique et par son aptitude à créer des mythes. »

Joutard, Philippe, Quand les mémoires déstabilisent l’école, INRP, 2008

Henry Rousso propose de définir l'histoire de la mémoire comme
«l’étude de l’évolution des représentations du passé, entendues comme des faits politiques, culturels ou sociaux ».

Pierre Nora dans Les Lieux de mémoire, on étudie «
non pas les événements pour eux-mêmes, mais leur construction dans le temps, l’effacement et la résurgence de leurs significations; non le passé tel qu’il s’est passé, mais ses réemplois successifs ».



Alors que la mémoire s’emploie à sacraliser le passé, à lui donner une cohérence mythique, à construire une identité, l’histoire tend à le décortiquer, à démythifier, à le rendre intelligible. Faire témoigner, c’est donc travailler avec la mémoire pour faire de l’histoire.

Mémoire et Histoire sont deux représentations différentes du passé.
La mémoire tire sa force des sentiments qu’elle mobilise : elle installe le souvenir dans l’affectif, voire le mythe et le sacré. Ouverte à la dialectique de l’amnésie et du souvenir, guère consciente de ses enrichissements et déformations successifs, elle est en évolution permanente et susceptible de longues latences et de soudaines revitalisations.
Les mémoires individuelles, les mémoires de groupes — qui constituent l’élément militant et moteur de la mémoire collective —, ont parfois mis en doute la mémoire nationale institutionnelle ou mémoire officielle telle qu’elle était véhiculée par l’enseignement et les commémorations officielles.

L’histoire est une reconstruction savante et incomplète du passé mais qui se veut objective. L’histoire est volonté de comprendre, mise en récit problématisée, transformation en pensé de ce qui est ordinairement de l’ordre du vécu affectif et émotionnel ou du système de représentations.


La question du témoignage en Histoire

L'ère du témoin, Annette Wieworka 



http://www.fayard.fr/lere-du-temoin-9782818503003

http://artic.ac-besancon.fr/lp_lettres/groupedetravail/temoignage/part1reflexionsliminaires.htmµ