Thème 4 : Les échelles de gouvernement dans le monde de la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours
(16 à 17 heures)
Séquence : La gouvernance économique mondiale depuis 1944
Séance 1 : la notion de gouvernance
Cours magistral
A LIRE et Utiliser pour définir la notion de gouvernance via un schéma heuristique
Définition des termes du sujet
Gouverner : L’Etat constitue encore aujourd'hui l'unité politique fondamentale dans le monde. Ce modèle d'organisation politique est le produit d'une longue construction historique
qui commence avec l'apparition de l'État moderne en France et en
Angleterre entre le XIIIe et le XVe siècle. Il faut cependant attendre
le XIXe siècle pour que l'État en Europe dispose des moyens
nécessaires pour forger l'unité nationale. l’Etat a toujours précédé
la nation en France. Gouverner s’entend donc par rapport à l’Etat et par
rapport à nation.
Art
de gouverner les hommes en référence à l’art de “manoeuvrer un navire”
(Grec Kubernân) et Platon est le premier à l’avoir employer. C’est le fait d’exercer le pouvoir politique en même temps que l’organe chargé d’administrer l’Etat (au travers d’une administration, ensemble des services et agents chargés d’assurer l’application des lois et le fonctionnement des services publics, et des représentants politiques élus pour les diriger).
Cela implique de gouverner à une échelle donnée, dans une structure
donnée avec l'autorité nécessaire et la reconnaissance de tous.
Notions à reprendre
Gouvernance voir cours précédent et notion page 315
Nation voir page 314
État voir page 314 et 320
État-nation voir page 314 et 320
L'État-nation constitue encore aujourd'hui l'unité politique fondamentale dans le monde. Ce modèle d'organisation politique est le produit d'une longue construction historique
qui commence avec l'apparition de l'État moderne en France et en
Angleterre entre le XIIIe et le XVe siècle. Il faut cependant attendre
le XIXe siècle pour que l'État en Europe dispose des moyens
nécessaires pour forger l'unité nationale.
Quant
à l'idée de nation en France, si elle s'esquisse dès le XVe siècle,
elle ne prend son sens contemporain qu'au XVIIIe siècle et lors de la
Révolution française : celle
d'une communauté politique, liée à un État et à un territoire
donné, fondée sur la conscience de caractéristiques communes et sur
la volonté de vivre ensemble, et dont la défense est assurée par une
armée nationale issue en grande partie de la conscription.
L'État-nation
s'impose progressivement en Europe et en Amérique latine au XIXe
siècle pour triompher au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Après 1945, il se diffuse au reste du monde : alors qu'à sa création
l'ONU ne compte qu'une cinquantaine de membres, elle accueille 193
États en 2011.
L'Etat
précède la nation en France : c'est l'histoire d'une continuité, inscrite
dans la longue durée et porteuse d'héritages qui explique le rôle de
l'Etat en France, son importance et l'attachement que les Français lui portent.
Prendre
en compte la longue durée de l'État en France est essentiel puisque
les évolutions de l'État après 1946 s'inscrivent dans la continuité
de cette histoire administrative. Les premières institutions étatiques
se mettent en place au cours du XIIIe siècle. L'histoire nationale se confond ensuite en grande partie avec celle de l'expansion de l'État.
Cette longue histoire explique le poids des héritages qui se lit dans
la relative stabilité des structures administratives depuis les
réformes révolutionnaires et napoléoniennes et par l'influence des
grands corps dont certains ont été créés sous l'Ancien Régime.
L'originalité de la France tient aussi au rôle central accordé à
l'État qui depuis la Révolution s'est vu confier la tâche, en sus de
ses missions régaliennes, de garantir le lien social. Cette place
particulière se manifeste par la tradition de centralisation
administrative, originalité que traduit l'emploi du terme de
jacobinisme. L'État a également donné une impulsion décisive à la
construction et à la diffusion du sentiment national au XIXe siècle
grâce à l'instauration du suffrage universel, à la politique
scolaire, au développement des transports, au service militaire
obligatoire. Enfin, il s'est identifié à la République dont il
incarne certaines des valeurs fondatrices : souci de l'intérêt
général, égalité de traitement entre les administrés, recrutement
au mérite.
Cours en autonomie: Définissez
la notion de gouvernance à partir du livre (double page d'introduction
de la séquence sur la gouvernance mondiale - pages 314-315) et
référencez la.
Gouvernance : Manière
de concevoir et d’exercer l’autorité à une échelle donnée, que ce soit à
la tête d’un Etat, d’une organisation ou d’une entreprise. C’est un
mode collectif de prise de décision réalisé par plusieurs acteurs de
natures différentes (États, Institutions et organisations
internationales, FTN, ONG...).
Concept d’origine économique apparu dans les années 1930 chez les économistes américains (Ronald Coase, The Nature of the Firm,
1937) et associé à l’organisation et au fonctionnement des entreprises.
C’est néanmoins une notion ancienne (Platon, Moyen Âge) qui est surtout
revenue au goût du jour à partir de 1979 sous le gouvernement de
Margareth Thatcher (étude sur la limitation et la recomposition du
pouvoir des autorités locales visant à développer leur privatisation).
La notion a ensuite gagné la sphère des politiques publiques et les
institutions internationales avant de faire florès au début des années
1990, au moment de la mise en oeuvre des règles du Consensus de
Washington et de la systématisation des Plans d’Ajustement Structurel
(PAS) par les institutions internationales (un volet Good Governance est
présent dans les objectifs fixés).
Notion polysémique, pouvant prêter à confusion et qui renvoie à l’idée de gouverner les hommes dans un cadre donné. La notion de gouvernance s’applique en fonction d’une échelle donnée (géographie et géopolitique), sur un territoire ou une organisation sociale (FTN, ONG, institutions…) et implique différents acteurs, et notamment ceux qui sont chargés de prendre mais aussi de faire appliquer les décisions.
Notion
d’inspiration néolibérale qui revient au goût du jour avec la
mondialisartion et l’arrivée de reagan et Thatcher au pouvoir:
idélogiquement connoté et qui vise à comprendre et gérer l’Etat comme on
gèrerait les entreprises.
Cours magistral
Pour aller plus loin dans l'approche de la gouvernance:
Longtemps
tombé en désuétude, le terme « gouvernance», qui désigne depuis le
Moyen Age « l’art de gouverner les hommes », se généralise dans les
années 1990 chez les économistes et les politologues anglo-saxons pour
qualifier le fait de gouverner et le distinguer de l’organe de
gouvernement, tout en promouvant un nouveau mode de gestion des affaires
publiques (« la bonne gouvernance »). A l’échelle internationale, la
gouvernance mondiale désigne un système de prises de décisions qui
inclut en plus des acteurs tradionnels, les acteurs non étatiques
(entreprises, société civile).
Une notion libérale et anglo-saxonne: Ce terme fait partie de cette « constellation » de néologismes produits par la mondialisation néolibérale.
Si
le terme de gouvernance est d’origine économique, ce dernier est apparu
dans les années 1930 chez les économistes américains (Ronald Coase, The Nature of the Firme, 1937). Il a été associé de suite à l’organisation et au fonctionnement des entreprises.
Il
s’impose ensuite au début des années 1990 au travers d’un livre
fondateur « Governance without government » de Rosenau et Czempiel
(1992), année où est créée à Londres le centre pour l’étude de la
gouvernance globale. De nombreux articles traitent alors de la
gouvernance d’entreprise avec la même finalité : concevoir l’entreprise
comme une entité mouvante voire vivante dans laquelle la somme des
intérêts divergents des acteurs doit permettre d’aboutir à un équilibre.
Polysémie de la définition de gouvernance, confusion et précaution à adopter face à cette définition :
La polysémie actuelle masque mal un concept devenu fourre-tout, qui
peut recouvrir de nombreuses réalités différentes à toutes les échelles
et incarner de nombreux acteurs : gouvernance d’entreprise,
territoriale, associative, hospitalière, politique à de nombreuses
échelles... Il s’agit donc d’une notion floue, contradictoire,
évolutive.
Complexité et invariants (ce qui ne varie pas) de la définition de gouvernance: La définition bien que complexe, repose sur quelques invariants:
- La
gouvernance envisage toute forme d’organisation sociale (entreprise,
Etat, terre entière...) comme un espace de jeu commun, de négociation ou
de rapport de force en redéfinition constante . Dans cet espace,
s’élaborent des règles communes qui permettent de faire « vivre » le
jeu. Pour que chacun accepte de jouer, une dynamique coopérative doit
s’instaurer permettant à tous les acteurs d’envisager leur participation
comme une relation gagnant-gagnant. La négociation est permanente entre
tous les acteurs. Ce processus a été valable pour la construction
européenne, il est aujourd’hui perçu comme tel dans le cadre de l’OMC.
-
Des règles communes, des normes collectives définissent les grandes
orientations à mener à partir de procédures diverses : de la simple
consultation intergouvernementales jusqu’à l’adoption de législations
communes en passant par la définition d’objectifs à atteindre, de bonnes
pratiques...(soft law). Elle repose sur la coopération entre Etats mais
aussi sur l’action d’institutions multilatérales à l’échelle mondiale
ou régionale.
-
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la source du pouvoir procède de ce
que l’on possède matériellement. Désormais, la ressource correspond
moins à ce que l’on a qu’à ce que l’on crée. Dans une société
d’abondance (au sens où aujourd’hui plusieurs milliards d’hommes ont
accès à la société de consommation) la gouvernance intervient notamment
sur les mécanismes de partage et de redistribution, la prise en charge
des inconvénients liés à l’abondance (pollution, encombrements, déchets)
mais aussi des raretés engendrées par l’abondance : eau, air, espace...
(cela pose le problème de la monétisation des ressources et celle de la
marchandisation du vivant).
-
La recherche de l’intérêt général provient de la prise en compte des
intérêts particuliers dans un système permanent et ouvert de
négociations en réseau. Chacun a donc théoriquement son mot à dire. Ce
point de vue universaliste reste dans les faits plus ou moins théorique.
Les rapports de force ne sont pas abolis. Trois formes de rhétorique
apparaissent dans ce cadre: la discussion, le débat, le marchandage dans
le cadre de processus long de recherche d’un consensus. Plusieurs
formes d’association sont possibles : l’équipe, le club, le partenariat.
Schéma heuristique
TRAVAIL POUR MERCREDI 16 octobre
Récupérer et lire le document suivant
TRAVAIL A FAIRE POUR LA RENTREE
Travail de groupe donné pour le retour des vacances
Etape 1 - Problématisation du sujet
A partir de :
la page 265 du livre ECS Prépa sur la mondialisation publié chez Bréal,
des pages allant des pages 231 à 260,
des pages 178-179-180, 184-185, 188-189-190-191, 208-209 du livre de cours
Vous allez répondre au sujet suivant en vue d'un rendu numérique ET d'un passage en groupe à l'oral suivi d'un débat le vendredi de la rentrée ou le suivant :
La mondialisation mise en débats : critiques, limites, gouvernance et alternatives
Etape 2 - Préparation aux questions du débat:
1) La mondialisation est-elle heureuse ?
2) Quels sont les reproches faits à la mondialisation ? Quelles en sont les limites ?
3) Qui profite de la mondialisation ? Qui la subit ?
4) Une autre mondialisation est-elle possible ?
Définition d'antimonde (A reprendre dans le cours)
L’antimonde est, selon R. Brunet, « cette
partie du monde mal connue et qui tient à le rester, qui se présente à
la fois comme le négatif du monde et comme son double indispensable » dans Les mots de la géographie (1993).
C’est l’« ensemble des espaces informels, illégaux et dérogatoires », selon Romain Cruse, dans sa thèse L’antimonde caribéen entre les Amériques et le monde (2009).
D’autres expressions qualifient ces espaces où l'antimonde domine, les « zones grises » définies dans Zones grises. Quand les Etats perdent le contrôle
par Gaïdz Minassiancomme étant un " espace de dérégulation sociale, de nature politique ou socio-économique, (…) où les institutions centrales ne parviennent pas à affirmer leur domination, laquelle est assurée par des micro-autorités alternatives »
Page 118 du livre sur la mondialisation, Bréal
Dès les années 1980, Roger Brunet propose aux géographes la notion d’antimonde ( « Le déchiffrement du monde », dans Brunet Roger, Dollfus Olivier, Mondes nouveaux, Géographie universelle, tome 1, 1989).
Il définit l’antimonde comme la « partie du monde mal connue et qui
tient à le rester, qui se présente à la fois comme le négatif du monde
et comme son double indispensable ».
L’antimonde permet
d’attirer la réflexion sur une série de phénomènes sociaux, plus ou
moins troubles, parallèles ou ignorés, qui sont cependant essentiels au
fonctionnement de nos sociétés. Les rapports de l’antimonde au monde ne
sont pas absents mais, bien au contraire, essentiels, fluides et
multiples.
Le système combat, circonscrit, tolère, cache,
récupère voire encourage un système parallèle qu’il rencontre en de
nombreuses synapses. Des lieux aux échelles et géométries multiples, aux
temporalités spécifiques, aux configurations sociales originales,
dessinent une géographie spécifique : celle des espaces du « milieu »,
des trous noirs de l’économie souterraine, des défouloirs (espaces du
sexe, de l’argent, du jeu et de la lutte), des enclos réservés aux
exclus et aux auto-exclus, des sas du monde (planques et lieux de
passage, camps de réfugiés, zones franches), ou encore des «
porte-respect » (bases militaires, îles et enclaves).
Axes à explorer avec l'aide de la fiche Eduscol
Processus et actions des acteurs sont à l’origine de nombreux débats.
A) Les critiques de la mondialisation contemporaine
Les
acteurs de la société civile(syndicats ou associations de consommateurs
par exemple) s’approprient ainsi les problématiques liées à la
mondialisation en soulignant l’inégalité des termes des échanges ou la
concurrence exercée par les territoires produisant à bas coût.
L’empreinte environnementale des flux générés est soulignée.
B) Une
mondialisation qui profite à l'antimonde et à la face cachée de la
mondialisation, celles organisations criminelles et des mafias
Une
réflexion peut enfin être engagée sur le poids des activités illégales
et criminelles dans l’économie globalisée, «face cachée» de la
mondialisation.
C) La gouvernance de la mondialisation, ses limites et les réponses à y apporter
Le
développement du processus de mondialisation pose aussi la question de
la gouvernance: mise en cause de certains acteurs (firmes
transnationales, acteurs financiers...) et aspiration à un renforcement
du contrôle démocratique sur les réseaux d’échanges et les marchés.
D)
Les limites et les conséquences de la mondialisation invitent à penser à
une autre mondialisation ou à une antimondialisation
Les
contestations sur le coût social et environnemental du processus de
mondialisation conduisent à la promotion de modèles alternatifs:
affirmation des acteurs locaux et des territoires de proximité, exigence
de qualité et de traçabilité des produits, essor de préoccupations
éthiques, environnementales et sociales...