Etude de cas - Jean-Marcel Jeanneney, pendant fonctionnarial et administratif d'un acteur de la Vème République (326-327)
Problématique: Qu'est ce qui caractérise l'action de Jean-Marcel Jeanneney, "grand commis de l'Etat" de 1958 à 1969 ?
I) Un homme de devoir qui sacrifie ses intérêts au profit de son pays : la figure du serviteur de l'Etat sous la Vème République
II) Un homme qui sert son pays comme fonctionnaire et ministre
III) Les compétences et le bilan d'un haut fonctionnaire au sein de la Vème République ou comment la technocratie sert la gouvernance de l'Etat français sous De Gaulle
I) Un homme de devoir qui sacrifie ses intérêts au profit de son pays : la figure du serviteur de l'Etat sous la Vème République
II) Un homme qui sert son pays comme fonctionnaire et ministre
III) Les compétences et le bilan d'un haut fonctionnaire au sein de la Vème République ou comment la technocratie sert la gouvernance de l'Etat français sous De Gaulle
Etude de cas - Le rôle des énarques et de la promotion Voltaire, "une génération dorée et galvanisée" (p328-329)
Qu'est-ce que l'ENA ?
- Ecole de la haute administration ayant pour objectifs de travailler dans le secteur public et privé. Formation essentielle dans la formation des hauts cadres du pays, pour servir l'Etat et former la haute administration qu'on appelera la technocratie.- Ecole qui est ouverte à tous après un concours sélectif, qui permet de dresser le profil de élites françaises (centralisées à Paris, issues de familles de cadres supérieurs avec des niveaux de vie moyens supérieurs voire élevés). On est loin de la démocratisation afffichée à ses débuts.
I) La promotion Voltaire, un groupe solide et soudé, issu d'un concours sélectif ayant pour objectif de servir l'Etat et la République...
Logique
d'héritage (P.Bourdieu, logique des héritiers et de la reproduction
sociale), les entrants à l'ENA pour toutes les promotions depuis 30 à 40
ans sont issus des mêmes familles favorisées et bourgeoises. Ayant
connu mai 68, sans pouvoir y participer, avec une majorité de
socialistes et le plus souvent mitterandiens, ils représentent la
génération de l'après 68, pleines d'envie d'exercer le pouvoir pour
gouverner, diriger et redresser la France après une main mise de la
droite gaulliste et giscadienne au pouvoir jusqu'en 1981.
Ambitions
personnelles et groupe soudé qui s'est dans sa globalité retrouvé au
pouvoir dans les décennies suivantes (Sapin, Hollande, Royal, De
Villepin...).
II) Un vivier politique d'exception au service de l'Etat: la génération Voltaire
Une
génération politisée, issue de familles engagées et formées par le
Barrisme (Raymond Barre) et l'influence centriste du Giscardisme.
Portées par 1981, la majeure partie des élèves de cette promotion
bénéficie de l'arrivée au pouvoir de Mitterrand pour entrer dans les
Ministères et permettre à la gauche qui n'a pas d'expérience du pouvoir,
de s'appuyer sur des hauts fonctionnaires partageant les mêmes
valeurs.
Arrivée
à la fin des années 1990 avec la formation du gouvernement Jospin suite
à la dissolution conseillée par De Villepin et au premier mandat de
Jacques Chirac, ils ne quitteront plus les premières places du pouvoir.
- D.Villepin, Premier Ministre et candidat potentiel à l'élection présidentielle
- S.Royal, candidate en 2007 à l'élection présidentielle
- F.Hollande, candidat et Président en 2012
Sans compter les différents Ministères exercés...
70% en 1978 pour cette promotion contre moins de 60% aujourd'hui; la plupart sont devenus fonctionnaires et se sont mis au service de l'Etat. Avec une réelle volonté de gouverner et de réformer la société et l'Etat.
Et un réseau qui leur permet de se pousser et de s'aider les uns les autres (entourage de François Hollande). Avec des atouts et des limites.
Conclusion: Promotion solide, soudée, sociologiquement et économiquement favorisée et homogène, elle souligne l'importance de l'ENA dans la gestion, la gouvernance et la formation des élites en France. Même si aujourd'hui, cette technocratie est critiquée et a besoin d'être renouvelé car elle s'appuie sur les mêmes logiques, les mêmes réseaux et les mêmes manières de penser.
III) Une des dernières promotions institutionnelles portant une réelle culture administrative
70% en 1978 pour cette promotion contre moins de 60% aujourd'hui; la plupart sont devenus fonctionnaires et se sont mis au service de l'Etat. Avec une réelle volonté de gouverner et de réformer la société et l'Etat.
Et un réseau qui leur permet de se pousser et de s'aider les uns les autres (entourage de François Hollande). Avec des atouts et des limites.
Conclusion: Promotion solide, soudée, sociologiquement et économiquement favorisée et homogène, elle souligne l'importance de l'ENA dans la gestion, la gouvernance et la formation des élites en France. Même si aujourd'hui, cette technocratie est critiquée et a besoin d'être renouvelé car elle s'appuie sur les mêmes logiques, les mêmes réseaux et les mêmes manières de penser.
LA PROMOTION ENA SENGHOR, 2004
Léopold
Sédar Senghor (1906 à Joal, au Sénégal-mort 2001 à Verson, en France)
est un poète, écrivain et homme politique sénégalais.Il a fait ses
études à la mission catholique de Ngasobil, au collège Libermann et au
cours d’enseignement secondaire de Dakar, puis, à Paris, au lycée
Louis-le-Grand et à la Sorbonne. Il est reçu à l'agrégation de grammaire
en 1935. Il a été le premier président de la République du Sénégal
(1960-1980) et il fut le premier Africain à siéger à l'Académie
française. Il a également été ministre en France avant l'indépendance de
son pays.
Il
est le symbole de la coopération entre la France et ses anciennes
colonies pour ses partisans ou du néo-colonialisme français en Afrique.
Sa poésie essentiellement symboliste est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel.
L’origine et le devenir des élèves
Cette
promotion 2004 Leopold Sedar Senghor de l'École Nationale
d’Administration (ENA) a vu dans ses rangs de nombreux politiciens
connus aujourd’hui. Emmanuel Macron, ministre de l'Economie depuis
mardi 26 août, en a fait partie tout comme Boris Vallaud, le mari de la
ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem.
De
la promotion Senghor, plusieurs élèves sont maintenant rompus à la
fonction de directeur de cabinet ministériel (Mathias Vicherat, Etienne
Grass) ou aux métiers de la banque (Marguerite Bérard-Andrieu, Sébastien
Proto)
A Gauche
Emmanuel Macron
A
seulement 36 ans, il vient d'être nommé ministre de l’Economie.
Ascension fulgurante pour cet ancien banquier d'affaires chez
Rothschild, qui a été l'un des initiateurs du pacte de responsabilité
lorsqu'il conseillait François Hollande à l'Elysée.
Gaspard Gantzer
Le
conseiller en communication de François Hollande, il a 34 ans. Il a
fait ses armes à la mairie de Paris comme patron de la com' entre 2010
et 2013, avant de travailler brièvement pour Laurent Fabius au
ministères des Affaires étrangères.
Mathias Vicherat
Ami
de Gaspard Gantzer et Emmanuel Macron, l'actuel directeur de cabinet
d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris est considéré comme l'un des plus
brillants de sa génération. Avant d'intégrer le cabinet de Bertrand
Delanoë en 2010, il a occupé plusieurs postes dans la préfectorale.
Boris Vallaud
Marié
depuis l'été 2005 avec Najat Vallaud-Belkacem, Boris Vallaud, 37 ans,
est l'ancien directeur de cabinet d'Arnaud Montebourg à Bercy. A sa
sortie de l'ENA en 2004, il devient haut-fonctionnaire au Conseil
général de Saône-et-Loire... où il croise la route de son futur
ministre.
Etienne Gras
Autre
figure montante de la génération "Senghor", le désormais ex-directeur
de cabinet de Najat Vallaud-Belkacem au ministère des Sports est un ami
proche de Boris Vallaud, le mari de son ancienne supérieure.
A Droite
Marguerite Bérard-Andrieu
C'est
la meilleure élève de la promotion. Première du classement de sortie de
l'ENA et positionnée à droite, Marguerite Bérard-Andrieu a fait ses
classes à l’Inspection générale des finances, avant de rejoindre Nicolas
Sarkozy à l'Elysée, et d'intégrer ensuite le cabinet de Xavier Bertrand
au ministère du Travail. Elle est aujourd'hui directrice générale
adjointe de la BPCE (Banque populaire Caisses d'épargne) Et comme
l'amour n'a pas de frontière politique, elle a épousé Thomas Andrieu,
l’actuel directeur adjoint du cabinet de Manuel Valls, un autre
"Senghor".
Sébastien Proto
Major
du concours d’entrée et deuxième à la sortie de l'ENA. Cet ex-directeur
de cabinet d'Eric Woerth puis Valérie Pécresse au ministère du Budget, a
été la cheville ouvrière du programme économique de Nicolas Sarkozy en
2012. Après la défaite de la droite, il est entré dans le privé en
devenant associé à la banque Rothschild.
Nicolas Namias
Dirigeant de Natixis
Nicolas Namias
Dirigeant de Natixis
La
promotion Léopold Senghor, sortie en 2004, a eu le courage d’exprimer
les réformes que devrait réaliser l’Ecole pour cesser d’être un concours
de beauté où viennent se mirer les différentes administrations et pour
que les élèves reçoivent une réelle formation. Ces propositions dont
certaines viennent d’être mises en application (2008) n’ont pas modifié
les carrières des sortants, que l’on retrouve à des postes de
gouvernance à tous les niveaux.
III) Vers une remise en cause des pouvoirs d’action de l’Etat sous l’effet de la décentralisation, de la construction européenne et de la mondialisation ? (1981- 1983- à nos jours )
Une organisation étatique qui connaît l’alternance politique et change d’organisation : la décentralisation des années 1980 modifient les rapports entre l’Etat et la société à toutes les échelles tandis que de nouveaux pouvoirs apparaissent, ceux des collectivités territoriales
- L’arrivée de François Mitterrand en 1981 : bousculement et alternance politique ➔ la gauche arrive au pouvoir, c'est la première fois sous la Vème République.
- Elle va nationaliser en masse et initier un transfert de compétences progressif de l’Etat vers les collectivités territoriales: c'est la décentralisation.
➔ Lois de décentralisation menées et mises en place par G.Defferre (1981-1984) → ministre de l’intérieur de la décentralisation
- Les responsabilités et pouvoirs des représentants de l’Etat (ex : préfets) sont transférés dans certains cas aux département (conseils départementaux), aux régions (conseils régionaux).
- Décentralisation va progresser jusqu’à s’inscrire dans la Constitution en 2003.
Une autorité et une légitimité contestées de l'Etat à toutes les échelles et par tous les acteurs de la mondialisation
- Arrivée des socialistes au pouvoir → stabilité et continuité institutionnelle de l’Etat et de diarchie ➔ la cohabitation va diviser l’exécutif à 3 reprises :
- 1986-88 : Chirac Mitterrand
- 1993-1995 : Mitterrand Balladur
- 1997-2003 : Jospin Chirac
- Cette cohabitation : dualité de l’exécutif et la fin d’un consensus politique
Idélogies néolibérales + mondialisation + contexte budgétaire = obligation de changement - Sous cette cohabitation volonté d’appliquer le système Thatchérien et Reaganien
- Mais Chirac va faire l’inverse de Mauroy → recentrer l’Etat sur ses fonctions régaliennes (police, justice, armée, éducation, sécurité) !! fonctions illégitimes pour les libéraux !!
- 1999 : Jospin va déclarer que l’Etat ne peut pas tout faire → alors que jusqu’aux années 1990 les personnes pensent que l’Etat résout tout.
Le désengagement de l’Etat est progressif, difficile même si son importance reste considérable et qu’il lui faut faire sa mutation sous le regard des médias.
- Sous Chirac : L'Etat change, il met fin à la cohabitation avec l'instauration du quinquennat
- lois de décentralisation constitutionalisées poursuivent le même but : désengager l’Etat et responsabiliser d’autres acteurs
- 2 dispositifs financiers vont encadrés le budget de l’Etat et ses déficits potentiels + critères de convergence du Traité de Maastricht :
- pas plus de 3% du PIB (pacte de stabilité)
- Loi d’orientation et finance
- Loi RGPP (Révision générale des politiques publiques)
➔
L’idée est de rationnaliser les dépenses de l’Etat, de les encadrer et
de limiter voire de diminuer les effectifs de la fonction publique
- Toutes les décisions politiques et législations prises en France doivent être prises dans un cadre qui respecte le droit européen → + de 25% de nos lois sont des lois : retranscriptions européennes
- Néanmoins l’Etat reste fort, il est présent dans l’économie + financement étatique dans n’importe quel projet
- L’Etat se donne le droit d’intervenir dans :
- le domaine de l’environnement
- Parité homme-femme
- Mariage pour tous
- Insertion sociale et professionnelle (Rsa, SMIC…)
- Face à la crise depuis 2008 : Etat qu’on disait inutile → devenu un des principaux acteurs dans le cadre de la crise éco actuelle ➔ régulateur et protecteur efficace
- Toutes ses évolutions s’inscrivent dans un cadre qui n’existait pas avant → fait que les médias présentent, discutent et analysent toutes décisions étatiques et gouvernementales Mais aussi : obligation de communication a court-terme pour l’Etat, obliger de médiatiser l’action pour la rendre cohérente et lisible
➔
La pression qui s’exerce notamment sous l’effet des sondages : limite
et contraint l’action politique à long terme au profit d’une vision à
très court terme
Synthèse: Etat impose la décentralisation, il subit une instabilité
Synthèse: Etat impose la décentralisation, il subit une instabilité
Conclusion :
- Après s’être occupé de la reconstruction, s’être refondé au sortir de Vichy, l’Etat Français sous la IVème République au sortir de Vichy a initier une gouvernance nationale ou Etat devenait un acteur majeur. Néanmoins acteur instable et en pouvant faire face à la décolonisation et à son instabilité parlementaire. Il a laissé la place à une 5ème République ou l’Etat forgé par De Gaulle s’est imposé comme entrepreneur, planificateur, aménageur, protecteur, éducateur faisant la parbelle aux mesures keynésiennes et à l’interventionnisme le tout porté par une haute administration et les grands corps de l’Etat. Cependant avec la fin des « Trente Glorieuses », l’essor de la mondialisation et la dimension supranationale de la construction européenne, l’Etat a su se reformer et changer pour s’adapter à un nouveau contexte d’intervention ou l’austérité est la règle et les contestations sont la norme.
- Ceci étant si l’Etat-nation français a été remis en cause comme tous les autres acteurs étatiques depuis une décennie il n’en reste pas moins un acteur majeur et incontournable au moment de crises systématiques et des défis globaux.